Qu’observe-t-on sur le site sous l’influence du rejet ?

On a observé durant 6 campagnes d’observation du milieu marin menées depuis 22 ans en plusieurs sites du canyon grâce à un robot sous-marin :

  • une abondance de crustacés à quelques mètres du point de rejet, la présence de poissons, des colonies de coraux sur la canalisation et de nombreuses autres espèces de la macrofaune sur les fonds marins.
  • des peuplements sous-marins riches et variés autour de la canalisation d’Alteo. Sur le plateau continental, celle-ci sert de refuge à de nombreuses espèces de coraux, éponges, crustacés et de poissons jusqu’à plus de 250 m de profondeur.
  • dans le périmètre d’influence des rejets de résidus les peuplements des fonds marins meubles restent diversifiés jusqu’à – 2 400 m. En 2012, une étude a notamment démontré que les résidus n’ont pas d’impact sur les foraminifères   (indicateurs de vie marine) (Etude C Fontanier et Al 29 octobre 2014).
  • Néanmoins, les peuplements ont disparu dans la zone immédiate de l’écoulement (vraisemblablement par effet mécanique). L’arrêt du rejet de boues rouges laisse envisager une recolonisation progressive des zones actuellement impactées.

Ces études permettent de conclure à une absence d’impact notable des résidus sur la macrofaune benthique   (animaux aquatiques) y compris à forte profondeur.
Pour sa part, l’Agence des Aires Marines Protégées a réalisé en 2013 des campagnes d’observation dans les canyons profonds de Méditerranée. Le canyon de Cassidaigne fait partie des sites les plus exceptionnels de la façade méditerranéenne française par l’exubérance des espèces et l’abondance des coraux blancs.

Le rejet historique de « boues rouges » en mer est-il toxique pour les êtres vivants ?

Les rejets de "boues rouges" en mer ont cessé définitivement le 31 décembre 2015. Ce qui est présenté ici concerne les nombreuses études qui ont été menées sur ces rejets dans le passé.

Les scientifiques ont étudié la toxicité, c’est-à-dire l’impact sur les êtres vivants, à partir de sédiment prélevés en mer, de deux façons :

- l’évaluation de l’écotoxicité en laboratoire : des tests ont été effectués sur différents organismes de la chaîne trophique  . Ils ont permeis de déterminer la concentration en dessous de laquelle la substance testée n’a pas d’effet nocif sur l’organisme testé.

182 biotests effectués sur 19 points de prélèvement ont confirmé l’innocuité générale des résidus collectés en mer.

Certains résultats sur le développement larvaire des oursins (% de larves anormales) varient selon les années. Les résultats obtenus sur quatre stations suivies régulièrement depuis 1997 ne montrent pas d’évolution temporelle significative de l‘écotoxicité. Les études ont donc conclu à la faible écotoxicité des dépôts en mer.

- le risque sanitaire qui évalue les risques d’intoxication pour l’homme (baignade, ingestion d’eau ou de poissons).

Une Evaluation des Risques Sanitaires (ERS), a été réalisée à la demande du CODERST en 2004 pour répondre à cette question. Une ERS vise à prévenir et à gérer, sur le long terme, le risque potentiel encouru par une population vivant à proximité d’une source de pollution. Les normes définies par l’OMS ont fait référence.

Cette ERS a pris en compte l’hypothèse d’une consommation journalière de 34,7 g/jour/personne sur une période de 365 jours et pour la durée de la vie.

Treize espèces de poissons ont été pêchées sur zone de rejet par l’IFREMER  . Parmi celles-ci le congre, le grondin, le merlu, le pageot rose, la rascasse, le rouget, la roussette…

La Faculté de pharmacie de Marseille (laboratoire LHMA) a réalisé les analyses sur les chairs de poissons. Le cabinet d’études missionné par le CSS pour superviser cette ERS conclut : « malgré des hypothèses très conservatoires (pénalisantes) nous n’avons pas identifié de risques sanitaires liés à la consommation de poissons exposés aux résidus de l’usine de Gardanne ».

Le rapport Créocéan de 1993 indiquait pourtant un risque toxique

C’est un très gros travail de synthèse réalisé en 1993 pour le groupe Pechiney.

Certes il indiquait une sensibilité en laboratoire de 3 espèces d’oursins et une espèce d’huître à partir de l’effluent sortant de l’usine, pouvant être un signe d’un risque toxique potentiel, dans son annexe consacrée à l’écotoxicité des rejets. Néanmoins, un autre travail, sur le terrain, de recolonisation des fonds marins enrichis de « boues rouges » par des espèces usuelles à forte profondeur (benthiques) ne révélait pas de différence de colonisation de fonds marins qui pourrait être induite par les « boues rouges » : « il est très possible que la toxicité chimique observée sur […] 3 espèces d’oursins et une espèce d’huitre ne s’exprime pas perceptiblement sur les populations benthiques (…) présentes dans le milieu récepteur des boues rouges, aux abords de la fosse de Cassidaigne (zone profonde)  »

Et de préciser qu’ « il faut souligner que la difficulté à établir un lien direct entre résultats de tests in vitro d’une part et réponse des peuplements in situ d’autre part, n’est pas propre à la présente étude. Il s’agit là de l’aspect délicat de l’interprétation de la plupart des démarches de surveillance éco-toxicologique. » (source Créocéan 1993)

Les scientifiques ont eux-mêmes constaté que les conclusions des études menées peuvent diverger selon les méthodes utilisées et l’origine de la matière à tester. Ils sont donc généralement prudents et favorisent la multiplicité des approches et leur reproduction dans le temps pour évaluer l’impact des rejets sur les êtres vivants.

On dit que les fonds sous-marins recouverts de « boues rouges » sont stérilisés

Non, les fonds sous-marins n’ont pas été stérilisés par les rejets de "boues rouges". Ceux-ci ont cessé le 31 décembre 2015.

Les Aires Marines Protégées ont constaté une grande biodiversité dans le Canyon de Cassidaigne.

Par ailleurs, les campagnes ordonnées par le CSS ont montré que dans le périmètre d’influence des rejets de résidus les peuplements des fonds marins meubles restent diversifiés. Une colonisation des sédiments contenant des résidus a été observée jusqu’à 2 400 m de profondeur. Cependant un phénomène d’avalanche, dû aux résidus solides qui étaient rejetés, se produisait à l’extrémité de la conduite. Dans ce périmètre, les turbulences ont empêché la colonisation des espèces. 

Des études ont été menées depuis plusieurs années dans la zone de rejet (Campagnes ALPESUR, ALPECAST, ALPEJAN 1997, 1999, 2002, 2007, 2012). En 2012, une étude a notamment démontré que les résidus n’ont pas d’impact sur les foraminifères   (indicateurs de vie marine) Etude C Fontanier et Al 29 octobre 2014). Ces études ont permis de conclure à une absence d’impact notable des résidus sur la macrofaune benthique   (animaux aquatiques) y compris à forte profondeur. 

D’autres travaux du CSS l’ont attesté également, notamment ceux de Stora & al « Les analyses effectuées ne permettent pas de différencier les communautés de macrofaune sous l’influence des résidus de celles qui ne le sont pas. » (traduit de “Impact of Red Mud Deposits in the Canyon of Cassidaigne on the Macrobenthos of the Mediterranean Continental Slope », Georges Stora, André Arnoux, Eric Duport, Christian Re, Magali Gérino, Gaston Desrosiers, and Frank Gilbert, 2011).

Est-ce que les "boues rouges" qui ont été rejetées en mer sont radioactives ?

La bauxite comme d’autres roches de l’écorce terrestre contient des éléments radioactifs.

En mer, l’étude Thébault et al (2005) a montré que les teneurs en Césium au niveau de Cassis étaient comparables au niveau naturel de Césium que l’on trouve sur la Côte méditerranéenne. (H Thebault, IFREMER  , Bioavailability of anthropogenic radionuclides in mussels along the French Mediterranean coast).

Depuis le 31 décembre 2015, il n’y a plus de rejets de boues rouges en mer.