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Les internautes au secours des œuvres d’Invader

Des « réactivateurs » se mobilisent pour remplacer les mosaïques du street-artiste arrachées aux murs de Paris.

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Publié le 09 août 2017 à 09h53, modifié le 09 août 2017 à 17h26

Temps de Lecture 3 min.

L’œuvre partiellement détruite de la rue Edouard-Lockroy, située devant la station de métro Parmentier (11e arr.). L’échelle des voleurs a été retrouvée devant, cassée en deux.

Le pillage des Space Invaders parisiens, qui avait discrètement commencé à la mi-juillet, a stoppé net début août grâce à la vigilance des internautes, mobilisés pour sauver ces créations d’Invader. Cela fait plus de vingt ans que ce street-artiste colle au coin des rues, par surprise, la nuit, ces « envahisseurs de l’espace » issus d’un jeu d’arcade phare des années 1980, et dont il a mué les pixels en mosaïques de carreaux. Cette œuvre, qui englobe aujourd’hui 3 502 créatures disséminées à travers le monde, l’artiste l’a faite évoluer au fil du temps, adaptant formes, tailles et couleurs selon les emplacements ou l’identité des villes, mais aussi en y mêlant une multitude de références de la culture populaire.

Lire l’entretien avec Invader : Article réservé à nos abonnés « L’anonymat touche à l’imaginaire »

Tout s’est emballé le 2 août sur Twitter, lorsque des passants dubitatifs ont partagé des photos de deux hommes munis de gilets fluorescents et d’une échelle, arrachant des mosaïques en pleine journée. Ils affirmaient agir au nom de la Mairie de Paris, tout en embarquant les carreaux dans le coffre d’une Mercedes. Une semaine après ces alertes, largement relayées sur les réseaux sociaux, une quinzaine de destructions ont été identifiées. Et pas des moindres : l’emblématique Joconde de la rue du Louvre (1er arrondissement) et le Sangoku (héros de la série Dragonball) du 12e arrondissement ont disparu, tandis que le large Space Invaders coiffant le pub irlandais à la station de métro Parmentier (11e) a été retrouvé à moitié arraché. C’est là que les voleurs ont abandonné leur échelle, cassée. La Ville de Paris a depuis porté plainte contre X pour usurpation de fonction.

La « Joconde », ou PA_1097, rue du Louvre, à Paris.

Flou juridique

La destruction et le vol sont le lot quotidien des œuvres de street-art, mais le flou juridique encadrant des pièces réalisées le plus souvent illégalement se révèle peu dissuasif pour ceux qui décident de se servir dans la rue. En 2016, un couple pris en flagrant délit de décollage d’une mosaïque d’Invader, et contre qui la copropriété concernée avait porté plainte, a simplement fait l’objet d’un rappel à la loi pour dégradation de bien privé et vol. L’artiste, qui les a de son côté poursuivis pour contrefaçon, a été débouté car il n’a pas été prouvé qu’ils souhaitaient revendre la pièce. Le recours à une colle plus forte et à des carreaux plus fins, se cassant facilement, ne parvient pas non plus à dissuader les voleurs, dont la convoitise s’explique par la cote du street-artiste sur le marché spéculatif.

Parmi les disparus : « Sangoku », dans le 12e arrondissement.

Face à ce sentiment d’impuissance, c’est la réaction collective qui a cette fois été salvatrice. « Oui, la réaction de nombreux Parisiens et internautes est touchante, et représente peut-être la solution pour stopper ces destructions, confie Invader. Les gens se sont sentis dépossédés et dupés par les agissements de ces deux individus et je pense que cette prise de conscience générale ne leur facilitera pas la tâche à l’avenir. »

Mobilisation générale des « réactivateurs »

L’autre aspect positif de l’affaire est la mobilisation générale des « réactivateurs ». Ces volontaires proposent depuis quelques années à l’artiste de reposer à l’identique des mosaïques dégradées. Ce sont principalement des joueurs de l’application Flashinvader, qui permet de collecter les images et des points au fil des Space Invaders découverts, et qui a généré une puissante communauté de fans.

« Il y a un groupe d’une quinzaine de réactivateurs à Paris, une équipe à Londres, une autre à Amsterdam, au Japon, aux Etats-Unis, ou même à Lyon », détaille Necroli, dont le petit groupe, hyperactif, a déjà « réactivé » quatre des pièces disparues dès le 3 août. Il s’est proposé pour remplacer le Space Invaders du pub et la Joconde. Pour cette même pièce monumentale, Lo-Fi, de la team anglaise, s’est également porté candidat. « Le travail d’Invader a une dimension sculpturale qui s’inscrit sur des sites spécifiques et dans le temps, estime-t-il. La Joconde est une pièce iconique et, pour nous, elle fait désormais partie du tissu parisien. »

Le PA_800 d’Invader, à Paris.
Le PA_800 disparu à Paris.

Sur le Web : www.space-invaders.com

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